La Tour Campus - Bruxelles
Le campus Solbosch : un nouveau repère dans Bruxelles
Réflexions sur le potentiel public du socle d'une tour en ville et de son rapport avec son environnement proche.
De nos jours à l’ère de l’anthropocène la domination de l’Homme sur son environnement est plus forte que jamais. Celle-ci est telle que dans certains endroits comme les villes, la nature devient presque inexistante. Les grattes-ciels sont un symbole fort de ce- tte puissance technologique humaine qui tente de s’affranchir des contraintes physiques telles que la gravité. La folie architecturale proposée tente de questionner cette sur-puissance de l’Homme sur son environnement en apportant une réflexion autour d’une plausible destruction de cette société. Ainsi cette folie s’installe au coeur d’une ruine de gratte ciel ayant subit un hypothétique effondrement accidentel. Le projet tente de questionner le rap- port entre nos sociétés occidentales actuelles avec la notion de fragilité et de possible destruction de leurs sociétés. Pour cela il est important que l’objet effondré soit d’autant plus symbolique. Le quartier nord de Bruxelles à ainsi été choisit pour accueillir en son coeur l’effondrement d’une de ses tours de bureaux si caractéristiques.
Une fois le scénario mis en place, des questions apparaissent telles que le rapport qu’entretient l’objet avec le public, la trans- formation de l’espace public qu’il produit et même la modification et la coupure de la circulation autour de celui-ci. La ruine créée apparait comme un objet effrayant et repoussant auquel le public évite au maximum d’être confronté. Or le but est ici d’amener le public à arpenter la ruine afin de créer une confrontation avec le détruit pouvant mener à une réflexion sur notre société.
Pour répondre à cela le projet propose premièrement d’aménager au sein même de l’effondrement des espaces de circulations per- mettant au public une plus forte interaction avec la ruine. Cette résilience conservatrice consiste à disposer à des endroits de la ruine des volumes simples et épurés apparaissant comme des points de repère dans l’environnement chaotique de l’objet effondré. Ces points de repère permettent d’apporter une lecture plus claire de l’effondrement et également de distinguer la démarche de résilience de cet objet depuis l’extérieur. Ce n’est plus un simple bâtiment effondré, c’est un espace d’exposition, de promenade, de jeu offert au public. Le public est alors invité à explorer cet espace en total contradiction avec le reste du tissu urbain qui l’entoure.
En effet en second lieu, le projet re-questionne complètement l’espace public et la relation entre public et privé de ce type de quartier. Là ou les tours s’organisent comme des espaces déconnectés du public par leurs tailles, l’effondrement remet cet objet à l’échelle de l’Homme et permet au public de se l’approprier. La notion d’informe apparait dans la relation visuelle et fonctionnelle que l’objet entretient avec son environnement proche. En effet dans un quartier comme le quartier nord avec de larges avenues découpant des espaces très orthogonaux, l’objet effondré semble plus proche d’un paysage naturel que d’une construction de l’Homme. L’effondrement agit comme un retour à la nature, notamment par son coté aléatoire et incontrôlé, l’objet créé par cet acte apparait comme une falaise naturellement artificielle, l’Homme ne contrôle plus la forme, celle-ci devient alors un informe façonné par la nature. Cela amène le public à une relation complètement différente avec ce dont il est habitué en ville, celui-ci est confronté à des espaces chaotiques et inaccessible, il est ainsi amené à prendre des risques afin de pouvoir s’approprier cet espace, ce retour à la nature s’effectue également par la notion de danger qui connote à l’objet effondré.
Cette spatialisation questionne ainsi sur l’avenir d’une société vo- race envers son environnement par la confrontation entre le pub- lic et l’informe provoqué par l’effondrement d’un symbole de l’anthropocène au coeur de la ville de Bruxelles.
MA2 / Professeurs : Pierre Blondel, Jean-Marc Simon, Irène Lunz